jeudi 18 novembre 2010

Ecrire libère

Je tiens, comme tous les matins, ce livre dans mes mains et chaque page que je tourne me remplit d'un espoir nouveau. Vais-je enfin retrouver cette fureur des mots premiers, qui m'avait rempli de tant d'espérances ? Vais-je retrouver ce déferlement des phrases qui s'arrachent de la blancheur de la page, tels la vie s'arrachant au néant ? Et toutes ces promesses, toutes ces murmures, toutes ces caresses que les premières lignes m'avaient solennellement offert, où sont-elles à présent ?

Les pages ne m'offrent qu'un encombrement de mots pressés, agencés à la va vite, racontant l'histoire ordinaire d'un type ordinaire, dans un monde ordinaire. Pourtant, je tenais entre mes mains le roman le plus fantastique qui n'ait jamais été écrit. Le roman de la vie. De ma vie. Comment se fait-ils qu'elle soit aussi grise ?

Je feuillette le reste du roman. J'en suis encore au début mais déjà complètement las et épuisé. La suite est attendue, ennuyeuse, fade comme les jours qui succèdent aux jours. Comme si tout était déjà écrit depuis longtemps, de la manière la plus plate, la plus banale qui soit. J'eus une nostalgie soudaine des débuts, le désir de tout réécrire. De tout recommencer. Le désir de tenir la main du destin.

Je prends mon crayon et commence à gribouiller des mots dans la marge des pages. Je commence à raturer les mots qui ne me plaisent pas, corriger certaines expressions maladroites, voire réécrire des paragraphes entiers. J'écris avec des lettres très petites, car j'ai peu d'espace. De plus, je crains que les autres lisent ce que j'écris et qu'ils puissent s'en moquer.

Au fil des pages les mots que j'écris deviennent de plus en plus grands. J'écris entre les lignes, dans les en-têtes et les pieds de pages, entre les chapitres. Je raconte la même histoire, à ma façon. Je change certains détails, je suis tenté de changer toute la trame narrative, mais n'est-ce pas trop tard ? Après tout, peu importe du moment que c'est moi qui choisis les mots. Peu importe que l'histoire soit la même ou qu'elle soit différente, tant que les phrases sonnent juste à mes oreilles et plaisent à mes yeux.

Peu importe, pourvu que je sente en moi le souffle de la vie, chaud brûlant et non pas tiède et évanoui. Les pages commencent à vibrer sous ma plume. Le texte prend vie, et il me parle. A présent, j'ai le sentiment que c'est lui qui m'écrit.

1 commentaire: