Pour une raison obscure j'ai toujours imaginé que Romain Gary était le pseudonyme d'un certain Emile Ajar. Non seulement je me trompais, car c'est Ajar qui était le pseudonyme de Gary et non l'inverse, mais la vraie histoire se révéla beaucoup plus fascinante que celle d'un simple pseudonyme.
En voici la version officielle à l'époque :
En 1974, Romain Gary (qui est lui-même le pseudonyme de Roman Kacew) est un écrivain vieillissant. Depuis le prix Goncourt qu'il a remporté en 1956, il a publié pas moins de vingt livres. Il est devenu démodé, trop connu par le public et par la critique. En cette année il publie un roman sous un autre pseudonyme, Shatan Bogat, mais rapidement il révèle la mystification et dévoile la vraie identité de Bogat. Il écrira encore six livres avec son pseudonyme courant, Romain Gary, jusqu'à sa mort en 1980.
Emile Ajar est le pseudonyme d'un jeune écrivain qui remporte le prix Goncourt en 1975 pour son deuxième roman, "La Vie devant soi". Personne, à part l'éditeur, ne sait qui est vraiment Emile Ajar. On dit qu'il vit à l'étranger, qu'il a des problèmes avec la justice et qu'il préfère rester loin de la presse et des médias. Mais les gens veulent connaître l'identité de cette star montante. La persévérance des journalistes a fini par dévoiler le mystère ; ils identifient le jeune Ajar à un certain Paul Pavlowitch, un proche de Romain Gary. Furieux que sa vraie identité soit découverte, Pavlowitch s'isole pour écrire. Il publie un livre intitulé "Pseudo", dans lequel il raconte des tranches de sa vie et parle, au passage, de son oncle, Gary. Au total, Emile Ajar a publié 4 livres entre 1974 et 1979.
Et voici la vérité des faits, telle qu'elle a été dévoilée au public après la mort de Romain Gary :
En 1974 Romain Gary publie non pas un mais deux livres sous 2 pseudonymes différents : Shatan Bogat et Emile Ajar ! Et contrairement à Bogat qui n'a pas survécu, Ajar lui, continue d'exister sans que personne ne fasse le lien avec Romain Gary. Pendant six ans, Gary a continué à tirer les ficelles dans l'ombre en créant le personnage public d'Emile Ajar. A côté de son oeuvre officielle (en français et en anglais), Gary écrit des romans pour Emile Ajar et au même temps il invente sa biographie. Il crée simultanément l'œuvre et le romancier. Car Emile Ajar était un personnage comme n'importe quel personnage de roman, sauf qu'il était un personnage réel qui a vécu dans la vraie vie. Il a gagné le Goncourt et a donné des interviews à des journalistes. Il a même un visage, celui de Paul Pavlowitch.
Romain Gary ne dévoile le mystère qu'après sa mort dans un livre posthume, "Vie et mort d'Emile Ajar". Pavlowitch, qui lui n'a jamais rien écrit ni publié de sa vie, écrira aussi sa version de l'histoire, "L'Homme que l'on croyait".
Grâce à cette mystification, Romain Gary est devenu le seul écrivain à avoir obtenir le Goncourt 2 fois (cela est interdit dans le règlement de ce prix). Il a réussi à créer un personnage qui n'était rien d'autre qu'un autre écrivain, plus jeune et aussi talentueux. Il a réussi l'ultime prouesse à laquelle un écrivain peut prétendre : l'acte de créer, comme une dernière boutade à la vie, avant de rejoindre l'éternité.
En 1974 Romain Gary publie non pas un mais deux livres sous 2 pseudonymes différents : Shatan Bogat et Emile Ajar ! Et contrairement à Bogat qui n'a pas survécu, Ajar lui, continue d'exister sans que personne ne fasse le lien avec Romain Gary. Pendant six ans, Gary a continué à tirer les ficelles dans l'ombre en créant le personnage public d'Emile Ajar. A côté de son oeuvre officielle (en français et en anglais), Gary écrit des romans pour Emile Ajar et au même temps il invente sa biographie. Il crée simultanément l'œuvre et le romancier. Car Emile Ajar était un personnage comme n'importe quel personnage de roman, sauf qu'il était un personnage réel qui a vécu dans la vraie vie. Il a gagné le Goncourt et a donné des interviews à des journalistes. Il a même un visage, celui de Paul Pavlowitch.
Romain Gary ne dévoile le mystère qu'après sa mort dans un livre posthume, "Vie et mort d'Emile Ajar". Pavlowitch, qui lui n'a jamais rien écrit ni publié de sa vie, écrira aussi sa version de l'histoire, "L'Homme que l'on croyait".
Grâce à cette mystification, Romain Gary est devenu le seul écrivain à avoir obtenir le Goncourt 2 fois (cela est interdit dans le règlement de ce prix). Il a réussi à créer un personnage qui n'était rien d'autre qu'un autre écrivain, plus jeune et aussi talentueux. Il a réussi l'ultime prouesse à laquelle un écrivain peut prétendre : l'acte de créer, comme une dernière boutade à la vie, avant de rejoindre l'éternité.
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