mardi 30 novembre 2010

Bluebird (poème de Charles Bukowski)


Dans le précédent post, je disais que Buk, ce vieil ivrogne dégueulasse avait un cœur d'enfant. En voici la preuve, avec ce beau poème intitulé "Bluebird".

Je préfère de loin la version originale en anglais, mais je publie également une traduction en français trouvée sur le net (ici)


il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu'on te voie.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et tire
une bouffée de cigarette
et les putains et les barmen
et les employés d'épicerie
ne savent pas
qu'il est
là.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l'air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort.
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas triste.

puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c'est assez beau
pour faire pleurer, mais
je ne pleure pas,
et vous ?



Version originale, en anglais :

There’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too tough for him,
I say, stay in there, I'm not going
to let anybody see
you.

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I pour whiskey on him and inhale
cigarette smoke
and the whores and the bartenders
and the grocery clerks
never know that
he's
in there.

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too tough for him,
I say,
stay down, do you want to mess
me up?
you want to screw up the
works?
you want to blow my book sales in
Europe?

there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too clever, I only let him out
at night sometimes
when everybody's asleep.
I say, I know that you're there,
so don't be
sad.

then I put him back,
but he's singing a little
in there, I haven't quite let him
die
and we sleep together like
that
with our
secret pact
and it's nice enough to
make a man
weep, but I don't
weep, do
you?

lundi 29 novembre 2010

Contes de la folie ordinaire (recueil de contes de Charles Bukowski)


Charles Bukowski est l'écrivain américain qui a vomi sur le plateau de Bernard Pivot en 1978. C'est un vieil ivrogne dégueulasse, souvent en pyjama, capable d'écrire des merveilles que ce soit en prose ou en poésie.

Dans les contes de la folie ordinaire, Bukowski raconte la vie vraie. Il s'agit de plusieurs histoires inspirées par sa vie très chaotique ; sexe, alcool, chômage et errance...

C'est trash, c'est cru, mais c'est beau. Mon histoire préférée est la toute première du livre, qui met en scène une très belle prostituée qui partage la vie de l'auteur et qui connaît une fin tragique.

Buk, cet ivrogne en pyjama crade avait un cœur d'enfant.

dimanche 28 novembre 2010

Carrie (film de Brian de Palma)


(Titre français : Carrie au bal du diable)


Le roman de Stephen King a donné lieu, moins de trois ans après sa sortie (en 1976), à une adaptation au cinéma signée Brian de Palma.

Ce film fantastique ne reproduit pas l'histoire racontée dans le livre à l'identique. La fin, bien que tout autant tragique, y est différente. Et comme souvent, le film est moins profond que le livre ; puisque l'approche psychologique du cas Carrieta White (et des autres personnages) y est moins présente. La structure originale de l'œuvre écrite (alternance entre coupures de presse, extraits de livres et récits) se perd dans le film. A la place, nous avons droit à une majestueuse scène du bal où le suspense va atteindre son paroxysme. De Palma nous fait savourer un moment jouissif, quand Carrie va se venger de tout le monde...

Un des grands classiques de l'épouvante, et aussi un des tout premiers films du jeune John Travolta...

samedi 27 novembre 2010

Carrie (roman de Stephen King)


Allez comprendre pourquoi le charmant Tommy Ross invite sa camarade de classe Carrie White pour l'accompagner au bal de printemps. Pourtant cette Carrie White n'est pas faite pour les bals. Elle n'est pas jolie et ses camarades de classe la détestent. et se moquent tout le temps d'elle. D'ailleurs, sur un mur, au lycée, on peut lire cette phrase chargée de violence et de haine :

Carrie White eats shit

Pourquoi tant de haine ? Et surtout, qu'est ce qui fait que dans toute cette violence ordinaire quelque chose d'extraordinaire va surgir ? Quelque chose comme le pouvoir télékinétique de Carrie White, ou comme le génie de Stephen King...

vendredi 26 novembre 2010

Ecrire est toujours prétentieux

Chaque jour, pas moins de 100.000 blogs sont créés de par le monde.

Un nombre incalculable de mots est publié sur le web.

Des millions de posts, des milliards de commentaires. Le nombre de lettres tapées sur les claviers se compare avec le nombre d'atomes dans le système solaire.

Le nombre d'idées publiées chaque jours est astronomique.

Et dans tout ça, chacun croit que son idée est nouvelle. Chacun croit que sa phrase est la plus belle et que son blog est le plus original.

Alors, écrire ? Pourquoi faire ? Et de surcroît, lancer un blog ?

N'êtes-vous pas prétentieux à vouloir écrire et publier et en plus vous exigez qu'on vous lise ! Non, laissez-moi rire ! Qui a le temps pour ça ? Non, franchement ? Vous avez le temps vous de lire des conneries sur des blogs ?

Vous croyez que votre petite personne (voix inaudible parmi sept milliards) va être écoutée. Vous imaginez que vous avez le pouvoir de changer le monde alors que le pouvoir ne vous appartient pas.

Cela ne sert à rien. Si vous voulez écrire alors vous êtes un prétentieux. Le monde ne va pas changer par vous. Il continuera à tourner et vous continuerez à subir votre vie et non à la vouloir. Vous continuerez à laisser les autres parler pour vous, puisque vous ne voulez pas parler.

Renoncez à votre droit de choisir, il y en a d'autres qui choisiront pour vous ! Acceptez votre condition faible, soumise, silencieuse. Marchez avec les autres. Ne dites pas ce que vous avez à dire. Gardez-le pour vous et taisez-vous à jamais !

jeudi 25 novembre 2010

Les échelles du Levant (roman de Amin Maalouf)


Décidément, il ne s'agit pas du meilleur roman de Amin Maalouf. Nous sommes loin de l'atmosphère de Léon l'Africain ou de Samarcande. Ici l'histoire se passe au XXème siècle, entre la Turquie, le Liban et la France. On n'est pas en présence de Al-Hassan Al-Wazzan, ni de Omar Al-Khayyam. Ici, c'est un héros de la Libération qui tient la place du personnage principal.

Ce roman se lit bien, car Amin Maalouf est incontestablement un bon romancier. Néanmoins il est trop chargé pour un petit roman. Le cadre historique contient des évènements aussi importants que le génocide arménien, la résistance en France pendant la guerre, la guerre de 48 en Palestine, la guerre du Liban...

La descente aux enfers du personnage principal est aussi inattendue que surprenante. Elle culmine lors de son internement dans un asile. Un des moments les plus marquants du livre...

mercredi 24 novembre 2010

Chacun sa merde !

Si vous connaissez Paris alors vous me connaissez déjà. Du moins, vous m'avez déjà croisé dans une rame de métro ou dans un bar à Bastille. Je suis le jeune cadre dynamique en costard cravate. Je porte mon PC sur mon dos, comme un parfait nomade. J'ai toujours des écouteurs aux oreilles. Je passe la journée et une partie de la soirée dans des bureaux surchauffés dans des tours à la Défense. Le reste du temps, je mange des surgelés dans mon studio dans un quartier bobo de l'est de Paris.

Je fais des after work certains jeudis, j'ai une carte FNAC, une American Express et évidemment, un iPhone. J'ai aussi une carte UGC, je suis abonné au Club Med Gym, je vais à des anniversaires et à des crémaillères les samedis soirs et je ne rate jamais un télé foot le dimanche matin.

C'est pas moi qui vais me plaindre de la vie. Au moins, moi j'ai un boulot. D'autres n'ont pas cette chance, surtout au bled, où plein d'anciens copains sont restés. Alors aujourd'hui on vient me parler de Ammar, mais moi qu'est-ce que j'en ai à foutre de celui-là ? Je ne le connais même pas. Et puis qui est ce Salah que Ammar ne veut pas lâcher ?

Ici internet marche, et grâce à mon abonnement Freebox (29,99€/mois tout compris) je n'ai pas besoin de proxy pour accéder à YouTube et à Dailymotion (en haut débit, 20 Mo/s). Alors de grâce, foutez-nous la paix. Chacun sa merde !

mardi 23 novembre 2010

L'Histoire de Pi (roman de Yann Martel)

Un bateau qui transporte les animaux d'un zoo sombre dans le Pacifique. Seul un adolescent (le fils du directeur), survit. Il passe plusieurs mois dans un canot de sauvetage, en compagnie d'un tigre royal du Bengale !

Le tigre s'appelle Richard Parker. L'enfant s'appelle Piscine Molitor Patel. Ce roman est le récit de leur aventure dans l'Océan Pacifique. On y apprend beaucoup de choses sur les religions et sur les animaux. La fin de l'histoire est extraordinaire, inattendue. Yann Martel a un grand talent !

lundi 22 novembre 2010

Elle (roman de Henry Rider Haggard)

Ce roman d'aventure (une sorte d'Indiana Jones avant l'heure) est une réponse à la question : "qui est Elle ?". Elle faisant référence à tout ce qui est féminin, à l'archétype même de la femme, de la vie, ce que Jung appelle l'Anima, "l'archétype de la vie en soi".

L'héroïne de ce roman a vécu deux milles ans. Elle a accès à la source éternelle de la Vie et vit cachée, dans les cavernes d'une cité mystérieuse, au cœur de l'Afrique. Elle, l'EternELLE, qu'on appelle aussi Celle-qui-doit-être-obéie. Elle est belle, jalouse, amoureuse, sage, méchante, cruelle et terrifiante.

Elle. Un roman d'aventures aux interprétions très psychologiques, et ô combien, modernes. Un chef-d'œuvre.

dimanche 21 novembre 2010

L'homme qui voulait vivre sa vie (film de Eric Lartigau)

Un beau film, une histoire tronquée, sans fin. A vous de chercher la suite. Vous comprendrez que la vie est un piège. Et ce sera à vous de répondre à la question suivante : Vouloir vivre sa vie, est-ce trop demander à la vie ?

samedi 20 novembre 2010

Père et fils

Quand le fils ne supportait plus son père, et quand le père en avait marre de son fils, ils se quittèrent tous les deux d’un commun accord. Mais au bout de longues années, lorsque le fils devint lui-même père, et le père, lui, l’ombre pâle et voûtée de lui-même, le fils du premier –et petit-fils du deuxième- en a eu marre des deux et les quitta, d’un commun accord. Alors le père ne comprenait plus rien. N’avait-t-il pas cherché à être le meilleur des fils pour son père, et le meilleur des pères pour son fils ? Il se demanda que faire en attendant le retour de son fils, et ne trouva pas mieux que d’aller s’occuper de son vieux père, comme si c’était son fils.

vendredi 19 novembre 2010

Phénix

Je souffle sur les cendres grises de mon quotidien et je vois apparaître sous la masse poussiéreuse des jours de vifs éclats lumineux. Plus je souffle plus la lumière devient intense. Dans mon enthousiasme, je réalise que ces morceaux de lumière ne sont rien d'autres que mes rêves que j'ai tant abandonnés. J'avais l'habitude de les laisser sur le lit, le matin en me levant. Parfois, je les cachait sous l'oreiller et dès que le jour se lève ils sombraient dans l'oubli.

Je souffle encore et peu importe si la poussière remplit l'air autour de moi. Les morceaux de lumière deviennent de plus en plus éclatantes. En réalité, derrière ces cendres se cache un soleil splendide. Maintenant je n'abandonnerai plus mes rêves le matin sur mon oreiller. Et seulement quand comprends cela, j'entends un battement qui fait trembler les terres et les cieux. Cela vient des profondeurs de la terre, ou des profondeurs de moi-même ? Est-ce bien un coeur que j'entends battre ?

Je vois devant mes yeux éblouis se déployer deux magnifiques ailes de feu. Une étrange créature aux yeux rouges se dresse devant moi. Toute cette fureur me remplit d'effroi et je ne sais dire comment une telle créature aurait pu surgir des cendres inertes, et comment, pendant toute ces années, une telle splendeur a pu se dérober à ma vue.

jeudi 18 novembre 2010

Ecrire libère

Je tiens, comme tous les matins, ce livre dans mes mains et chaque page que je tourne me remplit d'un espoir nouveau. Vais-je enfin retrouver cette fureur des mots premiers, qui m'avait rempli de tant d'espérances ? Vais-je retrouver ce déferlement des phrases qui s'arrachent de la blancheur de la page, tels la vie s'arrachant au néant ? Et toutes ces promesses, toutes ces murmures, toutes ces caresses que les premières lignes m'avaient solennellement offert, où sont-elles à présent ?

Les pages ne m'offrent qu'un encombrement de mots pressés, agencés à la va vite, racontant l'histoire ordinaire d'un type ordinaire, dans un monde ordinaire. Pourtant, je tenais entre mes mains le roman le plus fantastique qui n'ait jamais été écrit. Le roman de la vie. De ma vie. Comment se fait-ils qu'elle soit aussi grise ?

Je feuillette le reste du roman. J'en suis encore au début mais déjà complètement las et épuisé. La suite est attendue, ennuyeuse, fade comme les jours qui succèdent aux jours. Comme si tout était déjà écrit depuis longtemps, de la manière la plus plate, la plus banale qui soit. J'eus une nostalgie soudaine des débuts, le désir de tout réécrire. De tout recommencer. Le désir de tenir la main du destin.

Je prends mon crayon et commence à gribouiller des mots dans la marge des pages. Je commence à raturer les mots qui ne me plaisent pas, corriger certaines expressions maladroites, voire réécrire des paragraphes entiers. J'écris avec des lettres très petites, car j'ai peu d'espace. De plus, je crains que les autres lisent ce que j'écris et qu'ils puissent s'en moquer.

Au fil des pages les mots que j'écris deviennent de plus en plus grands. J'écris entre les lignes, dans les en-têtes et les pieds de pages, entre les chapitres. Je raconte la même histoire, à ma façon. Je change certains détails, je suis tenté de changer toute la trame narrative, mais n'est-ce pas trop tard ? Après tout, peu importe du moment que c'est moi qui choisis les mots. Peu importe que l'histoire soit la même ou qu'elle soit différente, tant que les phrases sonnent juste à mes oreilles et plaisent à mes yeux.

Peu importe, pourvu que je sente en moi le souffle de la vie, chaud brûlant et non pas tiède et évanoui. Les pages commencent à vibrer sous ma plume. Le texte prend vie, et il me parle. A présent, j'ai le sentiment que c'est lui qui m'écrit.